Le Maréchal-ferrant

Le bâtiment du Musée de la Superstition est facile à trouver: la place où il est installé est décorée d’une statue de Constantin Meunier «Le Maréchal-ferrant» qui, lors de sa création, provoqua un scandale resté fameux par les polémiques et affrontements entre partis réactionnaires religieux et mouvements laïques. Cette œuvre, dans la continuation des sculptures du Monument au Travail, représente un maréchal-ferrant revêtu de son tablier de cuir, qui s’apprête à lancer un fer-à-cheval: il s’agit d’un jeu d’adresse fort pratiqué dans les cours de tavernes au temps de la traction hypomobile où on lançait des fers-à-cheval en visant des piquets plantés à 3 ou 4 mètres. La polémique naquit d’un article du critique Camille Lemonier dans « La Revue Blanche » à propos de l’exposition qui en montra une étude pour la première fois au public.
Il y faisait un parallèle entre le jet du fer-à-cheval et le rejet de la superstititon qu’il symbolise lorsqu’on l’accroche comme porte-bonheur au dessus d’une porte, par exemple. Dans une période de lutte pour l’enseignement laïque contre le parti catholique, cela suffit pour attirer l’attention du pays sur cette sculpture; et en quelques semaines, des parlementaires des partis socialiste et libéral réussirent à lever une souscription pour l’érection d’une monumentale statue en bronze au milieu de la place où elle se trouve encore aujourd’hui. Plus tard, le Musée de la Superstition est venu s’installer sur le côté ensoleillé de la Place de Yedüåbøgrãd et la statue de Constantin Meunier a fini par en devenir le symbole, comme la pyramide pour Le Louvre ou le Lion pour le village de Waterloo. Des chercheurs affirment que l’auteur de ce curieux bâtiment serait l’architecte vietnamien Lu Van Maldren, mais tous ne s’accordent pas sur ce point.

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