Les pierres des Sirènes et des Tritons

1799 Campagne d’Égypte

L’officier du Génie F.X. Bouchard découvre la Pierre de Rosette sur la rive gauche du Nil. Fils d’un patron-pêcheur de Calais, il fait immédiatement le rapport entre les inscriptions en démotique et les signes portés sur des pierres étranges qu’on trouve sur les plages entre Sangate et Dunkerque. Ce rapprochement le convainc de l’importance linguistique de sa découverte: pensant que ces galets portent l’écriture du peuple des Tritons et Sirènes, les marins de La Manche ont toujours considéré ces Pierres de Calais avec un très grand respect et depuis que des navires circulent entre le continent et l’Angleterre, aucun ne prendrait la mer sans la protection d’une Pierre des Sirènes à son bord; seule condition pour bénéficier, par temps de brume, de la protection des Tritons et des Sirènes qui guident les pilotes au son de leurs buccins entre les bancs de sable et les courants contraires.
Avec le linéaire B crétois, le disque de Phaïstos et les tablettes de l’île de Pâques, les signes des Pierres des Sirènes font partie des alphabets encore «muets». Et ce n’est pas faute d’efforts: en faisant main basse sur la Pierre de Rosette, l’amiral Nelson pensait avant tout, grâce à son déchiffrement, communiquer avec le peuple de la mer pour s’en faire un allié contre les autres puissances maritimes.
La compréhension des hiéroglyphes est, en somme, une conséquence collatérale de l’intérêt des Français et des Anglais pour la maîtrise des mers.
À noter que les travaux du tunnel sous La Manche ont sans doute perturbé le fond marin (vibrations, bruits intempestifs?): depuis 1986, on ne trouve plus de nouvelles Pierres de Calais sur les plages.

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